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Le Condor : roi des ciels andins

Le Condor : roi des ciels andins

Qui est le roi des ciels andins ?

Le Condor, oiseau emblématique du Pérou, est le plus imposant, élégant et majestueux oiseau des Andes.

Son territoire s’étire tout au long des Andes, depuis la Colombie jusqu’à la Terre de Feu, au sud du Chili. Cependant, c’est dans le Canyon du Colca, près d’Arequipa, au Pérou, qu’il est le plus abondant.

Le mâle peut peser 12 kilos et mesurer de l’extrémité du bec jusqu’à l’extrémité de la queue 1.30  mètre ; son envergure en vol peut être de 3.50 mètres et il peut voler à une altitude de 7000 mètres à une vitesse de 55 km/h en conditions climatiques favorables.

Cet animal nécrophage se nourrit d’animaux en putréfaction, et seulement en circonstances extrêmes il peut attaquer des animaux vulnérables comme les mères en gestation, les petits ou des animaux blessés.

Le Condor est monogame, c’est-à-dire que quand il choisit son couple, il le fait pour toute la vie. On dit que même quand son compagnon meure, il ne s’unit pas à un autre.

Sa vision incroyable lui permet de distinguer son aliment à 10 km à la ronde. Il a une prédilection pour le rouge, car cette couleur réveille ses instincts de consommation.

Ses grandes et larges ailes lui permettent de voler comme un planeur en profitant des courants d’air.

La nature l’a doté des outils indispensables pour survivre dans les hautes altitudes et les dures conditions andines et pour sa fonction nécrophage.

La femelle pond une seule fois par an, un ou deux oeufs qu’elle dépose dans des dépressions rocheuses. A tours de rôle avec le mâle, le couple couve durant 54 à 58 jours. L’oisillon reste dans le nid pendant 6 mois, et sera ensuite encore dépendant de ses parents pendant 6 autres mois.

Le Condor possède une résistance incroyable à la faim et à a soif, et peut passer un mois et demi sans manger, tout en conservant toute sa vigueur. Il est capable de voler plusieurs centaines de kilomètres à la recherche de son aliment, et à l’habitude de manger jusqu’à la satiété, à tel point qu’il a ensuite du mal à voler.

Il est prouvé qu’en captivité il peut vivre 85 ans, et en liberté plus de 100 ans! La fin du Condor, selon la tradition, est pour le moins étrange : à la fin de sa longue vie, le Condor se sent fatigué et faible ; il pense que sa vie n’a plus de sens, et opte pour la fin préférée de sa race et pratiquée depuis des millénaires.

Il vole jusqu’à l’altitude la plus haute possible puis descend en piquée à une vitesse extraordinaire pour finalement s’écraser contre la face rocheuse d’une montagne, donnant ainsi fin à un siècle de règne dans les ciels andins du Canyon le plus profond du monde, le Colca.

Le Condor dans l’antiquité

Dans l’Empire Inca, le Condor, ou “Apu Kuntur” était considéré comme une divinité très spéciale. Il avait surement des temples spéciaux pour son culte, semblables à celui du Machu Picchu.

De nombreuses légendes existent autour du Condor. La tradition raconte que dans la cours des Aqllawasi, la Maison des Vierges du Soleil, était tombé un Condor mort, fait qui s’interpréta comme l’annonce de la fin du Tawantinsuyo, l’Empire Inca.

Aujourd’hui, le Condor n’est plus considéré comme un Dieu par les Andins, mais garde toujours des caractéristiques supérieures, ou divines.

Les traditions

Certains villages continuent de célébrer annuellement la “Yawar Fiesta”, ou “Fête du Sang”.

Il est indispensable de capturer un Condor vivant, en lui tendant un piège. Celui-ci est conduit au village où l’on réalisera diverses cérémonies en son honneur ; il sera décoré et on lui offrira du vin ou de l’eau de vie, jusqu’à ce qu’il termine saoul. Le jour central de la fête, sur la place du village, on coud les pattes du Condor sur le dos d’un taureau, et on lâche les deux animaux.

En se sentant attaché, le Condor utilisera son puissant bec contre le dos du taureau, qui commencera une folle course et lutte pour se défaire du Condor. Il coulera bien sûr beaucoup de sang du taureau, mais après une quinzaine de minutes, les spectateurs détiennent le spectacle, sans permettre la mort du taureau. Les villageois pensent que de cette manière, le Condor, qui est la connexion entre le Ciel et la Terre, sera satisfait d’avoir consommé du sang et de la viande fraîche.

Le jour suivant, on réalise une autre cérémonie pour libérer le Condor, qui est amené à une montagne proche et laissé en liberté inconditionnelle.

La “Yawar Fiesta” est une forme de rendre hommage au Condor, mais est aussi une forme de revanche du monde Andin, représenté par le Condor, contre l’humiliation de la conquête et des espagnols, représentés par le taureau, animal importé d’Espagne.

Les gardiens du Trésor

Dans les villages du Canyon du Colca, les anciens racontent que les Condors sont les esprits des guerriers incas qui furent sacrifiés, momifiés et enterrés dans les tombent cérémonielles qui se trouvent tout au long du Canyon, avec la croyance qu’ils protégeraient les trésors d’or et d’argent que les Incas cachèrent dans le Colca, pour que les Conquistadores espagnols ne puissent pas les trouver. Les Condors vigilent jalousement et survolent sans fin le Colca, pour veiller incessamment pour garder la magie et le mystère qui entourent ce trésor inconnu des Incas.